🐗 Plantation Autour De La Méditerranée En 10 Lettres

Ilfaut essayer d'analyser dans ses détails tous les aspects qu'a pu prendre une institution comme l'esclavage pendant presque deux millénaires dans les pays de la Méditerranée, et se demander si cette forme particulière des rapports entre les hommes a revêtu, à tous les moments, la même importance dans les mécanismes économiques du Explications en cinq astuces. Ambiance méditerranéenne. Sous un olivier, la spontanéité représente la meilleure alliée du jardinier : celui a en effet meilleur temps de composer avec une palette méditerranéenne, pour une ambiance digne d’une garrigue. Une mise en scène à l’allure naturelle, mais en réalité très travaillée Retrouveznos suggestions. d’ arbustes à choisir pour une terrasse fleurie ou de végétaux à planter sur un balcon orienté plein sud parmi lesquels vous trouverez quelques arbres et arbustes comme l’ oranger du Mexique, le laurier-rose, le bougainvillier, l’ althéa ou encore le célèbre “arbre aux fraises”, l’ arbousier ! Jardinmediterranéen : des idées de plantations. Voici un exemple de jardin méditerranéen présenté au Chelsea Flower Show en 2010. Les Anglais adorent la Provence et ce jardin a eu beaucoup de succès. Il a été conçu par James Towillis pour l’Occitane. Olivier, laurier rose et lavandes ne sont pas les seules emblèmes de la Provence. LaCase de l'Oncle Tom, d'Harriet Beecher Stowe. Publié en 1857 aux États-Unis, donc bien avant l'abolition de l'esclavage, ce roman, innovant dans la 9 10+. 1 solution pour : Sur la Méditerranée - mots fléchés et mots croisés. Solution. Lettres. Options. Sur la Méditerranée avec 4 lettres. Lataille du Ciste n’est pas nécessaire. Le ciste supporte mal les tailles drastiques, il est préférable de remplacer les vieux sujets dégarnis. N’intervenez que pour supprimer d’éventuels rameaux morts ou pour effectuer un très léger rafraîchissement afin de maintenir un port équilibré et touffu. Nomméen l'honneur de l'explorateur Louis-Antoine de Bougainville, le bougainvillée, ou bougainvillier, est un arbuste tropical découvert au Brésil. Très coloré, il est parfait pour habiller une rampe d'escalier, une pergola ou orner une véranda. Même s'il existe 14 espèces de bougainvillées, les plus cultivées restent les hybrides de Bougainvillea glabra et Découvrezet achetez le livre Autour de la Méditerranée écrit par Fernand Braudel chez Le Livre de poche sur continuant d’utiliser notre site, vous acceptez que nous utilisions les cookies conformément à notre Politique sur les Cookies. kIbFt7. Résumés Au xixe siècle, le Midi de la France a souvent été décrit comme une région figée et même en retard, alors qu’il a joué un rôle fondamental dans la colonisation algérienne, tout en étant le territoire le plus concerné par les retombées de cette dernière sur la métropole. Même la position du sud de la France dans l’imaginaire national a été affectée par ces liens l’Algérie étant considérée comme une extension de l’Hexagone au fur et à mesure de son intégration à la vie nationale, le Midi a, parallèlement, glissé de la périphérie vers le centre de la nation. C’est avec ce contexte en arrière-plan que cet article analyse les représentations du Midi par rapport à la colonisation de l’Algérie, en commençant par la marginalisation de cette région au xixe siècle, puis en montrant son passage de la périphérie au centre grâce à la conquête du sud de la Méditerranée, pour finir en évoquant les effets de la décolonisation sur l’histoire et l’image du sud de la France. This article explores the representation of Southern France during the colonial age of Algeria. During the nineteenth century, the French Midi was depicted as an exotic, backward or static borderland of the Occident and explicitly compared to French overseas colonies in North Africa. Yet, at the same time, the Midi played a crucial role for the colonization of Algeria and became a dynamic hub of interactions with the Maghreb. When Algeria was integrated into the French territory in 1848, France’s national boundary was shifted towards the south, and the Midi held a central position within the Mediterranean empire of the nation. After decolonization, the Midi was disconnected from North Africa and marginalized again. Regionalists now described the region as an internal colony’ of the French nation-state and claimed for an internal decolonization’ of the hexagon. In this way, the history and the representation of both regions continued to influence each other even after de page Entrées d’index Haut de page Texte intégral 1 Ce texte est issu d’une communication présentée au colloque international Méridionalité et insul ... 2 Maria Todorova, Imagining the Balkans, Oxford, Oxford University Press, 1997 ; Jane Schneider dir ... 3 Claudio Segrè, Fourth Shore. The Italian colonization of Libya, Chicago, University of Chicago Pre ... 1Depuis le xixe siècle, le sud de l’Europe jouit d’une image paradoxale qui en fait aussi bien le berceau de la civilisation européenne qu’une zone d’extranéité par rapport à l’Occident. On a pu voir dans des pays comme l’Espagne, des régions comme le Mezzogiorno ou les Balkans, des territoires périphériques et retardés, des marches plus proches de l’Afrique ou de l’Orient que de l’Europe2. À l’inverse, les géographies impériales bâties sur les notions de mare nostrum », Méditerranée française », quarta sponda », Eurafrica » ou Atlantropa » ont inclus l’Afrique du Nord dans l’Occident3. 4 Edward W. Said, Orientalism. Western Conceptions of the Orient, New York, Penguin, 1992. 5 Manuel Borutta et Sakis Gekas dir., A Colonial Sea The Mediterranean, 1798-1956 », European ... 2Nous souhaitons montrer ici, à travers l’exemple du Midi français entre le début du xixe siècle et les années 1960, que ces oscillations de la frontière méridionale ne tiennent pas seulement aux asymétries spatiales internes à l’Europe, souvent négligées lorsqu’on fait la critique de l’orientalisme occidental4, mais proviennent aussi des relations coloniales entre l’Europe du Sud et l’Afrique du Nord, elles aussi fréquemment omises par la recherche qui tend à séparer ces deux espaces pourtant très liés à l’époque coloniale5. 3Cela vaut tout particulièrement pour le Midi de la France et l’Algérie. Au xixe siècle, le Midi a souvent été décrit comme une région figée et même en retard, alors qu’il a joué un rôle fondamental dans la colonisation algérienne, tout en étant le territoire le plus concerné par les retombées de cette dernière sur la métropole. Même la position du sud de la France dans l’imaginaire national a été affectée par ces liens l’Algérie étant considérée comme une extension de l’Hexagone au fur et à mesure de son intégration à la vie nationale, le Midi a, parallèlement, glissé de la périphérie vers le centre de la nation. 4C’est dans ce contexte que nous analyserons les représentations du Midi par rapport à la colonisation de l’Algérie, en commençant par la marginalisation de cette région au xixe siècle, puis en montrant son passage de la périphérie au centre grâce à la conquête du sud de la Méditerranée, pour finir en évoquant les effets de la décolonisation sur l’histoire et l’image du sud de la France. Cet exemple nous permettra aussi d’analyser les jeux d’influences réciproques entre l’histoire méridionale et les représentations qu’on a pu en nourrir en quoi les espaces méditerranéens ont-ils été vus à travers le prisme des réseaux politiques, sociaux et économiques dans lesquels ils étaient pris ? Les images qui leur étaient attachées reflétaient-elles simplement des relations de pouvoir impériales ou nationales ou bien étaient-elles dotées de leur logique propre ? France obscure » la marginalisation du Midi au xixe siècle 6 Voir par exemple Denise Pumain et al., France, Europe du Sud, Paris, Belin, 1990. 7 Charles-Victor de Bonstetten, L’homme du Midi et l’homme du Nord, Genève, Paschoud, 1824, p. 54. V ... 8 Bernard Lepetit, Sur les dénivellations de l’espace économique en France, dans les années 1830 » ... 9 Alain Corbin, Paris-province », dans Pierre Nora dir., Les lieux de mémoire…, op. cit., vol. 3 ... 10 Malte-Brun, Le Journal des débats, 21 juillet 1823 ; Charles Dupin, Effets de l’enseignement popul ... 11 Charles Dupin, Forces productives et commerciales de la France, 2 vol., Paris, Bachelier, 1827, vo ... 12 Adolphe d’Angeville, Essai sur la statistique de la population française considérée sous quelques- ... 5Malgré la longueur de sa côte méridionale, la France n’a jamais été considérée comme faisant partie du sud de l’Europe6. Karl Viktor von Bonstetten, dans son ouvrage classique de 1824, L’homme du Midi et l’homme du nord, lui attribue une place moyenne entre le nord et le sud de l’Europe La France, située entre le ciel ardent du Midi et les régions rêveuses du Nord, semble un heureux composé de la manière d’être de l’un et l’autre climat »7. Mais c’est pourtant à cette époque précise que naît en France une frontière imaginaire entre le nord et le sud. Le Midi est de plus en plus décrit comme une région attardée, exotique, exclue de la culture moderne et de l’industrialisation du nord8. Cette image d’un territoire sous-développé recoupe les conceptions parisiennes sur la province en général et sur les périphéries agricoles en particulier9. Elle est produite par des publications scientifiques, littéraires et politiques. Ainsi les statisticiens constatent-ils un fossé dans l’instruction populaire entre la France éclairée » au nord d’une ligne allant de Saint-Malo à Genève, et la France obscure » du sud10. Le développement industriel du nord est expliqué par la proximité avec les peuples avancés constitués par les Anglais, les Suisses et les Belges ; le retard du Midi, par son voisinage avec ceux de l’Afrique et aussi avec ceux de l’Europe du sud, de l’Espagne, du Portugal et de la Sardaigne, entités que l’on estimait mal gouvernées et qui semblaient croupir dans leur retard11. Les explications déterministes, climatiques et géographiques, sont souvent associées à une vision essentialiste des Méridionaux, souvent peints, par exemple, comme plus ruraux, plus violents et plus indisciplinés que les autres Français12. 13 Des historiens comme Jean-Marc Olivier pour Toulouse et sa région ou Jean-Michel Minovez pour l ... 14 Eugen Weber, La fin des terroirs. La modernisation de la France rurale 1870-1914 », dans Eugen W ... 6Au moins sur le plan économique, le Midi suivit effectivement ses propres voies de développement13. Refusant d’adopter le modèle industriel septentrional, les Méridionaux misèrent, au xixe siècle encore plus qu’auparavant, sur l’agriculture et particulièrement la viticulture. Ces divergences dans les formes de la propriété et de l’économie renforcèrent la singularisation géographique et ethnographique de la région, tandis que certaines différences internes entre villes et campagnes, monts et vallées, îles et littoraux passaient au second plan, malgré leur importance relative. Le réseau national des routes et des chemins de fer permettant une croissance spectaculaire de la demande, la Provence et le Languedoc réussirent à établir un quasi-monopole national de l’industrie méridionale du vin. Certes, cette industrie était particulièrement sensible aux retournements conjoncturels ; mais devant ce changement économique majeur, il est impossible de parler de stagnation méridionale pour la seconde moitié du xixe siècle. Au contraire, il s’agit d’une dynamique capitaliste ne reculant pas devant la prise de risque14. 15 Gascons et Auvergnats, Provençaux et Marseillais y furent représentés de façon différente mais éga ... 7Cependant, à la même époque, la littérature dépeignait le Midi comme un conservatoire de coutumes étranges et d’hommes primitifs. Les récits de voyage, les romans d’Hyppolite Taine, Victor Hugo, Joseph Méry, Alexandre Dumas, Alphonse Daudet ou encore les écrits de Jules Michelet grouillaient de Méridionaux vantards et emportés, indolents et naïfs, irréfléchis et violents, paresseux et lâches15. 16 Mario Wilhelm von Wandruszka Wanstetten, Nord und Süd…, op. cit., p. 186-187. 17 Philippe Martel, Les félibres et leur temps. Renaissance d’oc et opinion, 1850-1914, Pessac, Press ... 8Ces clichés contribuèrent à alimenter les combats politiques de la IIIe République, lorsque des opposants à la République stigmatisèrent la méridionalisation des élites politiques, Paris conquis par le sud »16. À Léon Gambetta, il fut reproché d’utiliser les institutions comme tremplin pour fuir la stagnation de sa région d’origine. La polémique prit même un tour raciste chez certains représentants de l’extrême droite Gaston Méry, pour n’en citer qu’un, tenait les Méridionaux pour aussi dangereux que les juifs. La Libre Parole, journal antisémite de l’antidreyfusard Édouard Drumont, député d’Alger en 1898, voyait la France celtique » encombrée de Levantins et de Latins, de Maures et d[e] Wisigoths »17. 18 Eugen Weber, La fin des territoires… », art. cit., p. 578. 19 Ibid., p. 656 n. 9. 20 Ibid., p. 579. 9Le peu de considération accordé au sud de la France s’exprimait aussi dans les comparaisons avec les colonies d’outre-mer, notamment avec les territoires d’Afrique du Nord18. Des projets de développement du Midi furent comparés à la colonisation du Maghreb19. Implicitement, ce retard était mesuré par rapport à l’avancée civilisationnelle attribuée à Paris. Certains Méridionaux, mettant d’eux-mêmes leur région en parallèle avec la colonie et les protectorats nord-africains, réclamèrent que le Midi fût mieux relié au centre pour profiter des bienfaits du progrès20. Dans cette logique, les périphéries nationales se trouvaient en concurrence avec les colonies d’outre-mer pour leurs relations au centre, à qui elles procuraient des ressources naturelles et duquel elles recevaient infrastructures modernes et aides publiques au développement. Algérie française » l’extension méridionale de l’Hexagone 21 Thierry Fabre, La France et la Méditerranée. Généalogies et représentations », dans Jean-Claude ... 22 Marie-Noëlle Bourguet et al. dir., L’invention scientifique de la Mediterranée. Égypte, Morée, A ... 23 Patricia M. E. Lorcin, Rome and France in Africa. Recovering Colonial Algeria’s Latin Past », Fr ... 24 Émile-Félix Gautier, Les siècles obscurs du Maghreb, Paris, Payot, 1927. 25 Patricia M. E. Lorcin, Imperial identities. Stereotyping, Prejudice and Race in colonial Algeria, ... 26 Jan C. Jansen, Die Erfindung des Mittelmeerraums im kolonialen Kontext. Die Inszenierungen des ... 10Cette idée s’impose lorsqu’on considère le Maghreb au temps de la colonisation française. Depuis la fin du xviiie siècle, des hommes politiques avaient dit vouloir transformer la Méditerranée en lac français21. Des savants issus de différentes disciplines nourrirent cette idée en définissant les bords de la mer intérieure comme une entité culturelle et naturelle appartenant à l’Europe. Les botanistes et les géologues des expéditions d’Égypte 1798-1801, du Péloponnèse 1829-1831 et d’Algérie 1839-1842, soulignèrent les ressemblances de la végétation et des formations géologiques entre les littoraux du sud et du nord de la Méditerranée. Des géographes les séparèrent de l’Asie et de l’Afrique22. En Afrique du Nord, en Asie mineure, des soldats et des archéologues mirent au jour des vestiges antiques gréco-romains qui furent interprétés comme des traces indubitables de la civilisation européenne23, dont les historiens firent de la Méditerranée le berceau, tout en transformant les quelque mille ans d’hégémonie arabe musulmane en simple interlude24. Médecins et anthropologues accentuèrent les différences entre les Arabes nomades et les Berbères, prétendument plus faciles à assimiler parce que sédentaires25. En 1930, lors du centenaire de la conquête de l’Algérie, ce fut en grande partie sur la base de ces travaux que la France se présenta comme le successeur légitime de l’Empire romain, ayant libéré ce territoire d’usurpateurs étrangers et rétabli l’unité méditerranéenne de la civilisation européenne26. 27 Ceci va à l’encontre de Peregrine Horden et Nicholas Purcell, The Mediterranean and “the new Tha ... 28 Michel Chevalier, Système de la Méditerranée », Le Globe, 20 janvier, 31 janvier, 5 février, 12 ... 11Cette idée d’unité se nourrit aussi des interconnexions grandissantes entretenues par l’espace méditerranéen27. Dans les années 1830, des saint-simoniens avaient imaginé la mise en réseau administrative et infrastructurelle de ses rives, sous une hégémonie française qui aurait rendu possible l’association utopique de l’Orient et de l’Occident. Pour eux, l’Afrique du Nord formait une prolongation méridionale de l’Hexagone28. Lorsqu’en quelques décennies, l’espace méditerranéen fut effectivement strié de câbles télégraphiques, de voies de chemins de fer et de voies maritimes, cette vision sembla prendre forme. Après que la France, maîtresse de l’Algérie, eut étendu sa protection sur la Tunisie 1881 et le Maroc 1912, donc érigé un empire au Maghreb, la Méditerranée put donner l’illusion d’être devenue une mer intérieure. 29 David Prochaska, Making Algeria French. Colonialism in Bône, 1870-1920, Cambridge, Cambridge Unive ... 30 Yann Scioldo-Zürcher, Devenir métropolitain. Politique d’intégration et parcours de rapatriés d’Al ... 12C’est en Algérie que l’effacement des frontières continentales et la réduction des distances maritimes furent portés à leur maximum. En 1848, le nord de la colonie récemment conquise fut déclaré partie intégrante du territoire national. La IIIe République fit de l’Algérie française » la première colonie de peuplement national et le laboratoire de sa politique d’assimilation. Dans aucune autre colonie française, l’enracinement des colons n’était aussi profond, les relations à la métropole aussi étroites29. L’Algérie devait être comme la France. En mars 1961 encore, un an avant l’indépendance, des Français d’Algérie exigeaient l’occidentalisation » de la vie algérienne30. 31 Voir Hélène Blais et Florence Deprest, The Mediterranean, a territory between France and Colonia ... 13Cette tentative visant à assimiler l’Algérie changea aussi la représentation que les contemporains se faisaient du territoire métropolitain. Après la conquête, le littoral méditerranéen français fut dessiné au nord des cartes de l’Algérie ; la Méditerranée ne forma plus un gouffre entre l’Europe et l’Afrique, mais un trait d’union maritime entre des départements français. Les livres de géographie, les livres de bord des marins, les manuels à destination des colons, les guides de voyage réduisirent la Méditerranée, jadis redoutable, aux dimensions d’un lac. Chacun, grâce à la brièveté de la traversée en vapeur, à la rapidité des communications par le télégraphe, put faire l’expérience de cette continuité imaginaire entre les continents31. Provence-Afrique le jeu littéraire des échelles 32 Le héros un Don Quichotte provençal, fabule tant autour de la chasse au gros gibier en Afrique d ... 14Le déplacement de la frontière méridionale se manifesta aussi dans des publications populaires comme Tartarin de Tarascon. Ce roman à succès d’Alphonse Daudet, paru en 1872, ne fit pas qu’immortaliser le stéréotype du Méridional vantard, naïf et plein d’imagination32 ; il formulait aussi une théorie du sud étroitement liée aux efforts d’assimilation de l’Algérie au corps national et aux conceptions contemporaines de l’espace français méridional, du caractère méridional et de la Méditerranée. Le sud y devint le symbole de la frontière, de la zone de transition et de l’Autre de la civilisation occidentale. 33 Ibid., p. 60-61. 15Tout d’abord, Daudet postule dans la lignée de Bonstetten un fossé climatique et mental entre le sud et le nord de l’Europe. Les hommes du Midi » sont, dans son récit, simplets et provinciaux, naïfs et vantards, indolents et peu courageux, rêveurs et enfantins. Leur pays est celui des chimères qui naissent sous l’action du soleil. Enflammés par des romans d’aventure, ils sont victimes de leur fantaisie débordante et de leur imagination trompeuse. Ils sont sans défense aussi bien devant les conditions géographiques et climatiques dans lesquelles ils vivent, que devant les fictions littéraires et les fantasmes culturels qui les mènent. Incapables de véritable grandeur historique, ils sont dans l’obligation de se tromper eux-mêmes sur leur importance. Les mensonges qui font leur réputation découlent de cette entreprise d’auto-illusion il ne faut pas les prendre au sérieux33. 34 Ibid., p. 93-95, 97-98, 118. 35 Ibid., p. 102, 121. 36 Ibid., p. 97. 37 Ibid., p. 121. 38 Ibid., p. 90. 39 Ibid., p. 144. 40 Ibid., p. 161-162. 16La méridionalité du roman de Daudet sert, en second lieu, d’aune à la barbarie plus le héros s’enfonce dans le sud de l’Afrique, plus l’environnement devient primitif. Les Algériens autres que les colons européens sont représentés comme des êtres racialement inférieurs Teurs » Osmans, Arabes », Maures », Tunisiens », M’zabites », Nègres »34, juifs »35. Quant aux Européens qui s’agitent au milieu des sauvages, il s’agit d’insulaires pauvres Minorquins et Maltais36 et de personnages douteux chevaliers d’industrie37, prostituées38 des aventuriers de tous les pays, des colons en guenilles », parlant un langage auquel Dieu le Père ne comprendrait rien… »39. Avec ce rassemblement de figures suspectes, le roman instille un doute radical sur le projet civilisateur français en Algérie40. 41 Ibid., p. 35, 62, 107. 42 Ibid., p. 65, 80. 43 Ibid., p. 83, 85. 44 Ibid., p. 81, 102. 45 Ibid., p. 91. 46 Ibid., p. 141-143. 17Néanmoins, conformément à la conception impériale de l’espace méditerranéen, les différences entre l’Europe du Sud et l’Afrique du Nord sont minimisées. Le roman c’est notre troisième point attire sans cesse l’attention du lecteur sur les ressemblances supposées de la végétation, des paysages et de l’architecture, au point d’en devenir fastidieux41. Déjà les emprunts du costume provençal à l’Orient, par exemple, permettent de passer en douceur d’un espace à l’autre42. Dans le port de Marseille, le héros se sent comme Sinbad le Marin, dans une de ces villes fantastiques comme il y en a dans les Mille et une nuits ». La ville elle-même lui paraît être l’Orient et l’Occident pêle-mêle »43 et tandis que Marseille grouille d’autant de Teurs » qu’Alger44, cette dernière est pleine d’Européens ; un vif commerce règne entre les deux villes45. Des voitures de poste hors d’âge, mises au rancart en Provence, trouvent un nouvel usage dans les rues d’Alger46. Le retard de développement de la colonie par rapport au Midi est graduel ; il repose simplement sur l’éloignement plus grand d’Alger par rapport à Paris. 47 Daudet, né à Nîmes, prit ses distances avec ses racines méridionales dans Tartarin de Tarascon. Le ... 48 Alphonse Daudet, Aventures…, op. cit., p. 157. Sur la lecture du roman par la colonie européenne e ... 18Daudet ne connaissait pas seulement le Midi et Paris47, mais aussi l’Algérie. En décembre 1861, avec un cousin fatigué de cultiver les tulipes à Nîmes, il se rendit via Marseille en Algerie, à Blida et à Miliana pour faire plusieurs excursions dans l’arrière-pays. Comme Tartarin, il était sous l’influence de récits de voyages africains. À l’instar de ce que rapportent ces derniers, il fut surpris de la ressemblance entre l’Algérie et la Provence. Alger lui fit l’impression d’une ville endormie de sa province. Comme Tartarin, il entra en contact avec des autochtones dans la vallée de Chéliff ; d’ailleurs, son roman restitue aussi leur vision désillusionnée de la colonisation48. 49 L’intérêt des textes littéraires comme sources historiques a été analysé dans l’ouvrage fondamenta ... 50 Jacques Revel, Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Paris, Gallimard, 1996. 51 Dans ce contexte, il est important d’évoquer les constructions opposées d’une Méditerranée latine ... 52 La Côte d’Azur mondaine, objet de campagnes de publicité touristique dès le xixe siècle, et Nice, ... 19Ces remarques n’épuisent pas les parallèles entre littérature et histoire49. Les jeux d’échelle »50 littéraires de Daudet renvoient aux intrications multiples du Midi et de l’Algérie à l’époque coloniale, qui ont abouti à un changement de l’image du Sud de la France51, comme nous allons le montrer avec deux exemples la ville portuaire de Marseille et le Midi viticole52. Marseille colonial » du lieu de passage méditerranéen à la métropole impériale 20Au xixe siècle, Marseille devint le premier port colonial français, reliant Paris à la Méditerranée et la métropole aux colonies d’outre-mer. Cette prééminence était due, en grande partie, à la conquête et à l’intégration de l’Algérie qui firent de Marseille d’abord le point de jonction des relations entre la métropole et la colonie, puis un nœud important du réseau impérial français. 53 Archives municipales de Marseille, 13 F 1, Colonisation de l’Algérie 1830-1839, Chambre des Député ... 54 Paul Masson, Marseille et la colonisation française. Essai d’histoire coloniale, Marseille, Barlat ... 21Très tôt, entrepreneurs et hommes politiques marseillais insistèrent pour que Paris conquît l’arrière-pays d’Alger, le peuple et le rattachât au territoire national ; des représentants de la ville exigèrent l’annexion de l’Algérie dès avant 183053. L’économie locale profita immédiatement des circulations coloniales. En 1841, une ligne régulière de vapeurs fut ouverte entre Marseille et Alger ; en 1853, on inaugura La Joliette, le port le plus moderne d’Europe après Liverpool ; le PLM, train rapide reliant Paris, Lyon et Marseille, fut mis en service en 1857. Les grandes compagnies maritimes de Marseille transportaient, en plus d’innombrables marchandises, des milliers d’hommes commerçants, colons, soldats, touristes, saisonniers et migrants qui allaient et venaient entre la métropole et les possessions d’outre-mer, au premier chef celles d’Afrique du Nord. Sous le Second Empire, Marseille devint aussi un centre financier d’importance ; le Palais de la Bourse de la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille CCIM coordonnait et pilotait des banques suprarégionales54. 55 Marcel Courdurié et Jean-Louis Miège dir., Marseille colonial face à la crise de 1929, Marseille ... 56 Pascal Blanchard et Gilles Boëtsch dir., Marseille, Porte Sud. Un siècle d’histoire coloniale et ... 22En 1899, la Chambre de commerce forgea l’expression Marseille colonial »55. Effectivement, le colonialisme a laissé de nombreuses traces dans la ville. La conquête n’était pas achevée que déjà des rues marseillaises étaient nommées d’après des villes algériennes rue d’Alger en 1833, rue de Blida en 1843. Des institutions comme le Musée colonial, l’École de médecine du Pharo 1893 et l’Institut colonial 1906 furent fondées plus tôt que leurs homologues parisiennes. La première exposition coloniale française eut lieu en 1906 non pas à Paris, mais à Marseille qui s’y présenta comme capitale d’empire », comme le centre de l’empire colonial français56. 57 Archives de la Chambre de Commerce de Marseille, ML 4-2-7-4, Migrations internationales, projet d’ ... 58 Pascal Blanchard et Gilles Boëtsch dir., Marseille…, op. cit., p. 15-16. Sur l’histoire migratoi ... 23Le début du xxe siècle vit de plus en plus d’hommes originaires d’outre-mer s’installer à Marseille, ce qui donna à la ville l’aspect d’une métropole mondiale. Les premiers Kabyles arrivèrent en 1905 pour remplacer les ouvriers italiens du port, devenus trop exigeants et trop chers. En 1916, la Chambre de commerce forma le projet de construire un village kabyle » pour eux dans le Vieux port, avec mosquée, bazar, cafés, hammam. Elle commanda des études ethnographiques afin d’être aussi fidèle que possible à l’habitat kabyle traditionnel57. Ces plans ne virent le jour ni pendant ni après la première guerre mondiale, mais l’immigration kabyle, elle, continua. Dans l’entre-deux-guerres, la ville comptait déjà 70 000 Maghrébins. L’atmosphère, d’abord amicale, s’était tendue et l’on parlait d’une invasion de “sidis” ». Les migrants, soumis à des règles strictes, restaient constamment sous la menace d’une expulsion. Néanmoins, des milliers d’hommes continuaient d’arriver de l’empire à Marseille. La ville devint le port du sud »58. 59 Pascal Blanchard et Gilles Boëtsch dir., Marseille…, op. cit., p. 16. Sur la question des représ ... 24Dans l’entre-deux-guerres, Marseille fut universellement considérée comme une métropole mondiale, caractérisée par la diversité ethnique, le mélange des peuples et, en même temps, la ségrégation. Des journalistes, des écrivains et des photographes Albert Londres, Germaine Krull, André Suarès, le Jamaïcain Claude MacKay la peignirent comme une ville coloniale en métropole », un village nègre ». Pendant la crise des années 1930, lorsque la ville tomba sous la coupe de gangsters et acquit la réputation douteuse d’un Chicago français, cette image fascinante mais ambivalente, qui n’a pas entièrement disparu, devint exclusivement négative59. Coopération et concurrence le Midi viticole et l’Algérie française 60 Voir à ce propos Julia Clancy-Smith, Mediterraneans. North Africa and Europe in an Age of Migratio ... 61 Émile Temime, La migration européenne en Algérie au xixe siècle. Migration organisée ou migratio ... 62 Julia Clancy-Smith, Exotism, Erasures, and Absence. The Peopling of Algiers, 1830-1900 », dans Z ... 63 Léon Poinsard, L’echec de la colonisation en Algérie », Science Sociale, no 6, 1891, p. 453-482. 25Tandis que Marseille faisait le lien entre les régions septentrionales françaises et l’Algérie, le Midi viticole jouait un rôle central pour le peuplement français de la colonie et sa mise en valeur. Depuis Tocqueville, les métropolitains reprochaient aux colons de n’être pas des Français mais des Méditerranéens de hasard, bien trop éloignés eux-mêmes de la civilisation française pour la diffuser aux Arabes60. Ce leitmotiv, repris par Daudet, s’appuie sur le fait que depuis 1830, le nombre de Français installés outre-mer avait été bien moins important que prévu en comparaison de celui de subalterns venus d’Espagne, d’Italie et de Malte61. Les représentations visuelles des villes côtières au xixe siècle dissimulent ces migrants indésirables aux yeux critiques de la métropole62 mais au début des années 1890 encore, on parlait en France d’ échec » à propos de la colonisation algérienne63. 64 Auparavant, l’attribution de la citoyenneté française aux étrangers était déjà facilitée par le sé ... 65 Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, Direction du Travail, Statis ... 66 Ibid., p. 116-117. 67 Hildebert Isnard, La vigne en Algérie, Gap, Ophrys, 1951, vol. 1, p. 480-500 ; Geneviève Gavignaud ... 26Ce n’est qu’à la Belle Époque que l’Algérie devint une colonie de peuplement véritablement française pour ne pas se laisser supplanter par les autres Européens comme en Tunisie où les Italiens formèrent la majorité des colons jusqu’à la fin du protectorat, la République publia en 1889 un décret qui accordait la citoyenneté française à tout Européen né en Algérie64. En 1896, pour la première fois, les colons français furent en nette majorité par rapport aux autres nouveaux venus, le recensement de cette année-là comptant 318 137 Français pour 211 580 Européens d’autres nationalités65. Le décompte montre aussi que la plupart des Français de souche » vivant en Algérie venaient pour 135 474 du sud de la France d’abord de Corse 7 303 migrants, puis des départements de la Seine 6 370, des Bouches-du-Rhône 4 565, de l’Hérault 4 101, des Pyrénées-Orientales 4 016 et du Gard 3 947. Suivent une série de départements ayant envoyé de deux à trois mille colons Drôme, Ardèche, Aude, Aveyron, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Isère, Meurthe-et-Moselle, Tarn, Var et Vaucluse, le Territoire de Belfort66. La plupart des Méridionaux étaient venus à la suite de la crise du phylloxéra qui, dans les années 1870, avait ravagé une grande partie de la viticulture du Midi. Afin d’améliorer la situation sociale des départements concernés, les préfets avaient pris langue avec leurs homologues d’Algérie ainsi qu’avec le gouvernement général pour organiser l’émigration massive de leurs administrés67. Ils avaient reçu un abondant matériel d’information des cartes et des descriptions des centres de colonisation, des affiches et des pancartes qu’ils avaient distribué aux maires des communes, chargés de faire la publicité de l’opération ; ils avaient transmis les candidatures des intéressés aux autorités algériennes ou s’étaient eux-mêmes chargés de les susciter. Des terrains avaient été proposés aux plus riches, tandis que les moins fortunés se portaient candidats à une traversée gratuite de la Méditerranée et à une concession agricole. L’octroi de cette dernière était lié à une condition de succès si le colon échouait à la rendre cultivable, il devait la rendre. C’est ainsi que les départements méridionaux de la République organisèrent un marché méditerranéen du travail et de l’immobilier contrôlé par l’État. 68 Archives départementales de l’Hérault, 6 M 847-870, Population-Émigration. 69 Omar Bessaoud, Viticulture », dans Jeannine Verdès-Leroux dir., L’Algérie et la France, op. ci ... 27Les émigrants s’embarquaient à Marseille et à Port-Vendres, le port le plus méridional du territoire français, situé près de Perpignan68. Les trois décennies de 1880 à 1910 constituèrent la phase décisive de la colonisation algérienne en posant les bases du décollage de l’économie coloniale et de la mise en valeur française du territoire. Les viticulteurs du Midi y jouèrent un rôle central. Ce furent eux qui, en grande partie, construisirent une industrie viticole algérienne qui, par son dynamisme, devint le moteur de l’économie coloniale, marginalisant l’agriculture indigène et attirant de nouveaux colons européens. Ce succès tient à plusieurs facteurs. Tout d’abord, l’Algérie était un terrain d’expérimentation de nouvelles méthodes vinicoles. Ensuite, les viticulteurs bénéficiaient de privilèges fiscaux, de crédits à bon marché et de subventions de l’État. Ceci leur permit de produire moins cher qu’en métropole, alors même que leur vin y entrait sans payer de droits de douane, l’Algérie étant, pour l’administration, une partie de la France69. 70 Jean-Jacques Vidal, Vers la maturité 1839-1878 », dans Jean Sagnes dir., Histoire de Sète. P ... 71 Jean Sagnes dir., La Révolte du Midi viticole cent ans après 1907-2007, Perpignan, Presses unive ... 72 Eugen Weber, La fin des territoires… », art. cit., p. 577. 73 Eugène Gross, Le Midi viticole contre l’Algérie, Oran, Heintz, 1932. 74 Sur la croisade du Midi contre l’Algérie » voir Charles-Robert Ageron, Histoire de l’Algérie con ... 28Les vignerons algériens » firent rapidement concurrence à ceux du Midi. Dès 1878, le port de Sète, jusqu’alors exportateur de vins français grâce à son voisinage avec les marchés viticoles languedociens de Montpellier et de Béziers, devint importateur de vins algériens70. Ces derniers et les alcools issus de l’industrie sucrière du nord, alors en pleine expansion, conduisirent à l’effondrement des prix du vin au point qu’en 1907, les vignerons du sud de la France se rebellèrent. Cette révolte est considérée comme la naissance du régionalisme politique méridional. Elle fut marquée par les plus grandes manifestations jamais vues sous la IIIe République, la démission de nombreux maires, des désertions de régiments chargés de ramener l’ordre, des arrestations, des blessés et des morts71. Cependant, alors que les Méridionaux vouaient aux gémonies les politiciens de Paris et les gros industriels sucriers, dont on faisait les avatars du croisé Simon de Montfort, grand massacreur d’Albigeois72, les vignerons d’Algérie ne furent quasiment pas évoqués. Mais lorsqu’afin de défendre leurs intérêts à Paris, les viticulteurs du Midi s’organisèrent en coopératives, en fédérations et en groupes de pression régionaux comme nationaux, ils attaquèrent les privilèges des viticulteurs du sud de la Méditerranée. L’Algérie, affirmaient-ils lors des congrès fédéraux et devant le Parlement, n’appartenait pas à la nation c’était une colonie73. En 1931, avec la loi du 4 juillet, le groupe de pression vigneron du Midi obtint des mesures contre les grosses sociétés de la viticulture industrielle d’Algérie une limitation de plantations nouvelles à ceux qui possédaient plus de 10 ha de vignes et une taxation des rendements de 100 hl à l’hectare obtenus dans les exploitations produisant plus de 400 hl, pour autant entre 1930 et 1932 les colons plantèrent 127 000 ha. En 1938, l’Algérie devint le quatrième producteur mondial de vin, derrière la France, l’Italie et l’Espagne74. Pieds-noirs » entre Midi, Méridionalité et Méditerranée 75 Benjamin Stora, Pieds noirs », dans Sophie Dulucq et al. dir., Les Mots de la Colonisation, To ... 76 Eugen Weber, La fin des territoires… », art. cit. 29La légende veut que les viticulteurs algériens aient reçu le surnom de pieds-noirs » des vignerons du sud de la France, car ils avaient planté des ceps californiens aux racines noires et s’étaient progressivement teint les pieds en noir à force de fouler le raisin75. Dans quelle mesure les Français du sud émigrés vers l’Algérie à la fin du xixe siècle étaient-ils français et combien de temps restèrent-ils attachés à leur origine ? Ces questions sont encore à peine explorées par la recherche. Lorsque la majorité d’entre eux partit pour l’Algérie, la construction nationale de la IIIe République avait à peine commencé76. 77 Archives Nationales de France, Centre des Archives d’Outre-Mer, Algérie, Gouvernement général d’Al ... 78 Le Languedoc en Algérie. Bulletin de la Fédération Régionale des Amicales de Langue d’Oc, Alger, j ... 79 David Prochaska, Making Algeria French…, op. cit, p. 207. 80 Ibid., p. 224-226, 228-229. 81 Voir Anne-Marie Thiesse, Écrire la France. Le mouvement littéraire régionaliste de langue français ... 82 Félix Dessolièrs, De la fusion des races européennes en Algérie par les mariages croisés, Alger, I ... 30Il est évident qu’une fois en Algérie, nombre de Français du sud continuèrent de s’identifier à leur région d’origine. En 1906, le préfet d’Alger comptait, rien que dans son chef-lieu, vingt-trois sociétés régionales dont la plupart étaient en lien avec le Midi comme leurs noms en témoignent L’Amicale corse, Les Provençaux, Les Enfants du Vaucluse, etc.77 ; en 1941, le bulletin de la Fédération régionale des amicales de langue d’Oc, intitulé Le Languedoc en Algérie, fêtait le cinquantième anniversaire de l’Amicale des Enfants de l’Hérault78. Quant à la ressemblance esthétique que Daudet avait considérée comme évidente entre les villes provençales et algériennes, elle n’était pas une invention poétique. Le centre de Bône Annaba ressemblait à Aix-en-Provence non seulement dans sa forme, l’apparence de certains bâtiments et le tracé de ses rues, mais encore dans l’usage que les habitants faisaient de l’espace public où, ici comme là-bas, on jouait aux boules79. Dans le pataouète », le parler des colons des villes visitées par Daudet dans le département d’Alger Alger, Blida, Miliana, le Midi restait vivace des 600 mots étrangers de ce dialecte, 210 étaient arabes, 180 espagnols, 60 italiens et tout de même 70 issus des patois méridionaux80. Ces observations indiquent que les colons nés en France n’avaient en rien renoncé à leurs habitudes régionales. L’attachement à la langue, à la petite patrie » qui se concrétise par la création d’associations d’originaires n’est pas contradictoire avec une identité française, au contraire81. En même temps, certains de ces Méridionaux français se mêlaient aux autres Européens et Français dans l’espace public des cafés, des marchés, des cinémas, dans les institutions religieuses et scolaires, dans des mariages mixtes82, et dans l’exclusion commune des musulmans et des juifs. 83 Eugen Weber, L’hexagone », dans Pierre Nora dir., Les lieux de mémoire, op. cit., vol. 2, p. 2 ... 84 Todd Shepard, The Invention of Decolonization. The Algerian War and the Remaking of France, Ithaca ... 85 Cette méditerranéisation » de la culpabilité se retrouve chez Pierre Nora dans Les Français d’Al ... 31Le sentiment communautaire des pieds-noirs se renforça après la décolonisation, lorsqu’en métropole, désormais définie comme hexagone après la perte complète de son empire colonial83, on leur attribua une identité unique qui soulignait leur origine géographique ; des hommes politiques ou des intellectuels comme Alain Peyrefitte et Pierre Nora voyaient dans les Français d’Algérie » moins des Français que des Méditerranéens84. Lorsque l’indépendance de l’Algérie fut inéluctable, méditerranéiser » les anciens colons s’avéra particulièrement utile pour rendre illégitimes les résistances à cette évolution comme chez Daudet autrefois, c’est au caractère si méditerranéen, trop méditerranéen des colons c’est-à-dire violent, irrationnel, fruste que fut attribuée la responsabilité de l’échec du projet colonial. En aucun cas la faute n’incombait à la métropole, dont les intentions envers les indigènes avaient été si bienveillantes85. 86 Jean-Jacques Jordi, 1962. L’arrivée des Pieds noirs, Paris, Autrement, 1995. Sur l’agriculture, vo ... 87 Naissance d’un village Carnoux », Cinq colonnes à l’une, 7 octobre 1966, 1055-1122 ORTF ; ... 88 Françoise Brun, Où en est l’agrumiculture en Corse ? », Méditerranée, no 8-3, 1967, p. 211-238. 89 Robert Ramsay, The Corsican Time-Bomb, Manchester, Manchester University Press, 1983 ; Dominici Th ... 32Pour conclure, commençons par remarquer que les relations entre le Midi et l’Algérie ne se rompirent pas à la décolonisation. Afin de rester en Méditerranée, les pieds-noirs s’établirent majoritairement dans le sud de la France, ce qui eut d’ailleurs pour conséquence de faire monter les prix de l’immobilier et de tendre le marché du travail86. Dans certains endroits, on aboutit à une véritable colonisation de la part des anciens colons d’Algérie. À Carnoux en Provence, les pieds-noirs bâtirent à l’identique une ville française d’Algérie, au point de le faire à l’aide des Algériens musulmans » qui logeaient, eux, dans des bidonvilles87. En Corse, grâce à l’aide de la Société pour la mise en valeur agricole de la Corse SOMIVAC, les pieds-noirs se lancèrent dans la viticulture avec le même grand succès que jadis en Algérie88. Comme là-bas, des résistances locales se firent jour en 1975, des autonomistes corses en armes, sous la conduite d’Edmond Simeoni, fondateur de l’Action pour la renaissance de la Corse, occupèrent la cave d’Henri Depeille, un viticulteur pied-noir impliqué dans divers scandales viticoles et financiers. Pendant l’intervention des CRS, une fusillade éclata qui fit deux morts. Un an plus tard, des militants autonomistes corses fondèrent clandestinement le Front de libération nationale de la Corse sur le modèle du Front de libération nationale algérien, et firent exploser des bombes dans toute la France89. Même si la manière était différente, la concurrence coloniale entre Algériens » et Français du sud se répétait pour aboutir ici aussi à la violence ; mais autrefois, la révolte des vignerons du Midi s’était tournée contre le nord et la capitale, pas contre les rivaux du sud. 90 La position à nouveau marginale du Midi par rapport au reste de la France des années 1950-1960 ser ... 91 Robert Lafont, La révolution régionaliste, Paris, Gallimard, 1967 ; id., Décoloniser la France. Le ... 33La décolonisation ne fit pas que marginaliser le Midi une deuxième fois – au moins dans le discours régionaliste90. Dans les années 1960, les régionalistes méridionaux se mirent à décrire le Midi comme une colonie intérieure de la France. Dans le contexte de la décolonisation algérienne, Robert Lafont, la tête pensante de l’Occitanie, conçut les rapports entre centre et périphérie, entre nord et sud, comme des rapports coloniaux il compara la croisade contre les Albigeois à la guerre d’Algérie, analysa le caractère dépendant de l’économie méridionale et exigea une décolonisation interne de la France. Les périphéries de la métropole et de l’outre-mer furent placées sur un pied d’égalité, comme au xixe siècle, mais dorénavant moins pour leur caractère attardé » que pour l’oppression » dont elles auraient été victimes de la part du centre91. 92 Eugen Weber, La fin des territoires… », art. cit., p. 575-587. Sur la réception controversée de ... 34Cette théorie du colonialisme intérieur se diffusa rapidement jusque dans la recherche sur le nationalisme et le régionalisme, ce qui ferme le cercle des influences mutuelles des deux espaces l’un sur l’autre, y compris au niveau conceptuel. Dans un ouvrage classique de l’historiographie contemporaine, La fin des terroirs, Eugen Weber décrit l’Hexagone comme un empire et la construction nationale dans les campagnes françaises comme un processus de colonisation. D’après Weber, les parallèles entre le colonialisme moderne et le processus d’intégration nationale sont nombreux. À l’origine des deux se trouvent la conquête et l’annexion de territoires étrangers processus qui a duré plusieurs siècles en métropole ; puis les trois premières décennies de la IIIe République 1870-1900 voient l’intégration accélérée de la périphérie grâce la modernisation des infrastructures et la densification des relations institutionnelles. Ceci débouche sur l’acculturation, c’est-à-dire la reconnaissance, par la périphérie, de la supériorité du centre92. L’analogie faite par Weber entre les processus métropolitains et ultramarins n’a pas perdu de son caractère stimulant depuis la parution du livre. Elle a néanmoins un défaut elle ignore les liens entre les deux évolutions. 35Or, l’exemple du Midi montre qu’à l’époque coloniale l’Europe du Sud, aussi bien dans les représentations que les contemporains en avaient que dans son histoire, est étroitement liée à l’Afrique du Nord. Si le Midi français était considéré jadis comme une périphérie du territoire métropolitain, l’intégration de l’Algérie à ce dernier le fit glisser vers le centre et lui donna le rôle d’une interface majeure entre la métropole et la colonie, entre la Méditerranée et le reste du monde. Mais après la sécession algérienne, le Midi retomba dans sa situation périphérique. 36De plus, une bonne part des images qu’on avait du sud de la France et de l’Algérie était le résultat des intrications économiques, démographiques et politiques de ces deux ensembles. Dans les années 1830, les Marseillais firent efficacement pression pour obtenir la conquête d’Alger et l’annexion de l’arrière-pays. L’apport du Languedoc et du Roussillon fut décisif entre 1870 et 1890 pour peupler la colonie de Français. Parallèlement, le sud de la France fut le territoire le plus fortement touché par l’intégration de la colonie et son assimilation. D’abord, l’émigration vers l’Algérie fut une soupape pour relâcher la pression exercée par la crise économique et sociale du phylloxéra. Si le Midi souffrit bientôt de la concurrence des viticulteurs algériens, celle-ci le rapprocha du centre métropolitain en effet, les Méridionaux durent défendre leurs intérêts régionaux à Paris contre leurs rivaux méditerranéens, s’efforçant de marginaliser l’Algérie au sein de la nation ainsi que, jadis, le Midi avait été marginalisé en France. 37Nos observations montrent à quel point la frontière du sud de l’Europe est mouvante. La limite méridionale de la France, entre 1830 et 1962, fut placée tantôt d’un côté de la Méditerranée, tantôt de l’autre. Ce flou des définitions s’étendit aux individus vivant entre les deux espaces. Les Européens du sud qui s’installaient en Algérie étaient à la fois des colonisés et des colonisateurs subaltern, hybrides, plusieurs fois déracinés et transplantés. Méprisés et moqués en Europe, poussés hors de chez eux pour des raisons économiques, ils refoulèrent à leur tour les musulmans nord-africains. Comme la frontière de l’Europe, la pauvreté septentrionale fut repoussée vers le sud. Cette pression changea d’ailleurs la composition du bas de l’échelle sociale la colonisation permit aux colons de grimper quelques échelons tandis que dès les années 1930, la misère contraignit de nombreux Maghrébins à l’émigration. 93 Je renvoie aux indications bibliographiques sur l’Italie et l’Espagne de la note 2. 38Dans le cas de la France et de l’Algérie, les frontières entre colonie et métropole, entre territoires extérieurs et intérieurs, furent suspendues entre 1848 et 1962. Cela les différencie des relations que d’autres régions d’Europe méridionale ont entretenues avec l’Afrique du Nord, par exemple l’Andalousie et le Maroc, ou encore l’Italie du Sud et la Libye. Mais là aussi, on a tenté de déplacer la limite de la nation plus vers le sud grâce à l’expansion impériale et coloniale. Là encore, les régions méridionales ont été prises dans les dynamiques différentes de la construction nationale et de l’expansion coloniale elles se sont trouvées à la jonction de la nation et de l’empire, entre les centres métropolitains et les colonies nord-africaines en voie d’intégration93. On manque encore d’une comparaison systématique de ces relations coloniales méditerranéennes à l’époque contemporaine. Nul doute qu’elle apporterait d’autres éclairages sur les interactions entre les contextes politiques, sociaux et économiques et nos représentations complexes du sud de l’Europe. Haut de page Notes 1 Ce texte est issu d’une communication présentée au colloque international Méridionalité et insularité. L’invention d’une Europe du Sud xviiie-xxe siècle », organisé par Nicolas Bourguinat à l’Université de Strasbourg, Maison des Sciences de l’Homme d’Alsace, le 21 janvier 2011. Je remercie les participants au colloque et les rapporteurs anonymes de la revue pour leurs importantes indications. Traduction Ségolène Plyer. 2 Maria Todorova, Imagining the Balkans, Oxford, Oxford University Press, 1997 ; Jane Schneider dir., Italy’s Southern question ». Orientalism in one country, Oxford, Berg, 1998 ; John Dickie, Darkest Italy. The nation and stereotypes of the Mezzogiorno, 1860-1900, New York, St. Martin’s Press, 1999 ; Claudia Petraccone, Le due civiltà. Settentrionali e meridionali nella storia d’Italia dal 1860 al 1914, Rome-Bari, Laterza, 2000 ; Nelson Moe, The view from Vesuvius. Italian culture and the southern question, Berkeley, University of California Press, 2002 ; Frithjof Benjamin Schenk et Martina Winkler dir., Der Süden. Neue Perspektiven auf eine europäische Geschichtsregion, Francfort-sur-le-Main, Campus, 2007. 3 Claudio Segrè, Fourth Shore. The Italian colonization of Libya, Chicago, University of Chicago Press, 1974 ; David Atkinson, Geopolitics, cartography and geographical knowledge envisioning Africa from Fascist Italy », dans Morag Bell dir., Geography and imperialism, 1820-1940, Manchester, Manchester UP, 1995, p. 265-297 ; Alexander Gall, Das Atlantropa-Projekt die Geschichte einer gescheiterten Vision. Hermann Sörgel und die Absenkung des Mittelmeers, Francfort-sur-le-Main, Campus, 1998 ; Thierry Fabre et Robert Ilbert dir., Les représentations de la Méditerranée, 10 vol., Paris, Maisonneuve et Larose, 2000 ; Lilliana Ellena, Political Imagination, Sexuality and Love in the Eurafrican Debate », European Review of History / Revue européenne d’histoire, no 11-2, 2004, p. 241-272 ; Stefano Trinchese dir., Mare Nostrum. Percezione ottomana e mito Mediterraneo in Italia all’alba del 900, Milan, Guerini, 2005. 4 Edward W. Said, Orientalism. Western Conceptions of the Orient, New York, Penguin, 1992. 5 Manuel Borutta et Sakis Gekas dir., A Colonial Sea The Mediterranean, 1798-1956 », European Review of History / Revue européenne d’histoire, vol. 19, no 1, 2012, p. 1-13. 6 Voir par exemple Denise Pumain et al., France, Europe du Sud, Paris, Belin, 1990. 7 Charles-Victor de Bonstetten, L’homme du Midi et l’homme du Nord, Genève, Paschoud, 1824, p. 54. Voir David Mendelson, The Idea of the Mediterranean in Early Nineteenth-Century French Literature », Mediterranean Historical Review, no 17, juin 2002, p. 25-48 ; Dieter Richter, Der Süden. Geschichte einer Himmelsrichtung, Berlin, Wagenbach, 2009, p. 133-141. 8 Bernard Lepetit, Sur les dénivellations de l’espace économique en France, dans les années 1830 », Annales ESC, vol. 41, no 4-6, 1986, p. 1243-1272 ; du même, Deux siècles de croissance régionale en France. Regard sur l’historiographie », dans Louis Bergeron dir., La croissance régionale dans l’Europe méditerranéenne, xviiie-xxe siècle, Paris, Éditions de l’EHESS, 1992, p. 21-42 ; Emmanuel Le Roy Ladurie, Nord-Sud », dans Pierre Nora dir., Les lieux de mémoire, vol. Paris, Gallimard, 1986, p. 117-140 ; Roger Chartier, La ligne Saint-Malo-Genève », dans ibid., vol. Paris, Gallimard, 1992, p. 738-775 ; Michel Demonet, Tableau de l’agriculture française au milieu du xixe siècle. L’enquête de 1852, Paris, Éditions de l’EHESS, 1990. Charles-Victor de Bonstetten, L’homme du Midi…, op. cit., p. 54. Sur l’image du Midi pendant la période révolutionnaire L’invention du Midi. Représentations du Sud pendant la période révolutionnaire », Amiras / Repères occitans, no 15-16, 1987 ; Philippe Martel, Quand le Gascon fait la révolution. Images du Méridional », dans Maurice Agulhon dir., La Révolution vécue par la Province. Mentalités et expressions populaires en Occitanie, Béziers, Centre International de Documentation Occitane, 1990, p. 197-207. 9 Alain Corbin, Paris-province », dans Pierre Nora dir., Les lieux de mémoire…, op. cit., vol. p. 776-823 ; Maurice Agulhon, Le Centre et la périphérie », dans ibid., p. 824-849 ; Jacques Revel dir., L’Espace français, Paris, Seuil, 2000. 10 Malte-Brun, Le Journal des débats, 21 juillet 1823 ; Charles Dupin, Effets de l’enseignement populaire de la lecture, de l’écriture et de l’arithmétique, de la géométrie et de la mécanique appliquées aux arts, sur les propriétés de la France, Paris, Bachelier, 1826, p. 27-28. 11 Charles Dupin, Forces productives et commerciales de la France, 2 vol., Paris, Bachelier, 1827, vol. 1, p. 1. 12 Adolphe d’Angeville, Essai sur la statistique de la population française considérée sous quelques-uns de ses rapports physiques et moraux, Paris, MSH, 1969 1re éd. 1836, p. 127-129. 13 Des historiens comme Jean-Marc Olivier pour Toulouse et sa région ou Jean-Michel Minovez pour les régions sub-pyrénéennes ont remis en question le sous-développement » du Midi français, mettant en évidence un modèle de développement particulier ou d’industrialisation qu’il serait bon d’inclure dans la réflexion sur les perceptions opposant Nord et Sud français. Voir Jean-Marc Olivier, Petites industries, grands développements. France, Suisse, Suède 1780-1930, Habilitation à diriger des recherches, sous la direction de Rémy Pech, Université Toulouse 2-Le Mirail, 2008 ; Jean-Michel Minovez, Industrialisation et désindustrialisation dans la France du Midi, xviie-xxe siècle, Habilitation à diriger des recherches, sous la direction de Jean-Claude Daumas, Université de Franche-Comté, 2008. 14 Eugen Weber, La fin des terroirs. La modernisation de la France rurale 1870-1914 », dans Eugen Weber, La France de nos aïeux, Paris, Fayard, 2005 ; Rémy Pech, Entreprise viticole et capitalisme en Languedoc-Roussillon du Phylloxera aux crises de Mévente, Toulouse, Publications de l’Université de Toulouse-Le Mirail, 1977. 15 Gascons et Auvergnats, Provençaux et Marseillais y furent représentés de façon différente mais également stéréotypée. Comparer avec Mario Wilhelm von Wandruszka Wanstetten, Nord und Süd im französischen Geistesleben, Jena, Wilhelm Gronau, 1939 ; Georges Liens, Le stéréotype du Méridional vu par les Français du Nord », Provence Historique, no 27-110, 1977, p. 413-431 ; Gaston Bazalgues, L’image du Midi dans les Carnets de Voyage d’H. Taine. Notes sur la Province 1863-1865 », Lengas, no 11, 1987, p. 87-95 ; Olivier Boura, Marseille ou la mauvaise Réputation, Paris, Arléa, 2001. 16 Mario Wilhelm von Wandruszka Wanstetten, Nord und Süd…, op. cit., p. 186-187. 17 Philippe Martel, Les félibres et leur temps. Renaissance d’oc et opinion, 1850-1914, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2010, p. 393-394, et 389-396 ; Georges Liens, Le stéréotype du Méridional… », art. cit., p. 429. 18 Eugen Weber, La fin des territoires… », art. cit., p. 578. 19 Ibid., p. 656 n. 9. 20 Ibid., p. 579. 21 Thierry Fabre, La France et la Méditerranée. Généalogies et représentations », dans Jean-Claude Izzo et Thierry Fabre dir., La Méditerranée française, Paris, Maisonneuve et Larose, 2000, p. 13-152 ; Jean-Robert Henry, Métamorphoses du mythe méditerranéen », dans Jean-Robert Henry et Gérard Groc dir., Politiques méditerranéennes entre logiques étatiques et espace civil, Paris, Karthala, 2000, p. 41-56. 22 Marie-Noëlle Bourguet et al. dir., L’invention scientifique de la Mediterranée. Égypte, Morée, Algérie, Paris, Éditions de l’EHESS, 1998 ; Daniel Nordman, La Méditerranée dans la pensée géographique française vers 1800-vers 1950 », dans Claude Guillot et al. dir., From the Mediterranean to the China Sea Miscellaneous Notes, Wiesbaden, Harrassowitz, 1998, p. 1-20. 23 Patricia M. E. Lorcin, Rome and France in Africa. Recovering Colonial Algeria’s Latin Past », French Historical Studies, no 25-2, 2002, p. 295-329. Voir, pour un point de vue opposé, Martin Bernal, Black Athena. The Afroasiatic roots of classical civilization, Londres, Free Association Books, 3 vol., 1987-2006. 24 Émile-Félix Gautier, Les siècles obscurs du Maghreb, Paris, Payot, 1927. 25 Patricia M. E. Lorcin, Imperial identities. Stereotyping, Prejudice and Race in colonial Algeria, Londres, Tauris, 1995, p. 118-195. 26 Jan C. Jansen, Die Erfindung des Mittelmeerraums im kolonialen Kontext. Die Inszenierungen des lateinischen Afrika’ beim Centenaire de l’Algérie française », dans Frithjof Benjamin Schenk et Martina Winkler dir., Der Süden…, op. cit., p. 175-205. 27 Ceci va à l’encontre de Peregrine Horden et Nicholas Purcell, The Mediterranean and “the new Thalassology” », American Historical Review, no 111-3, 2006, p. 722-740, qui excluent la Méditerranée moderne de l’historiographie méditerranéenne, parce qu’elle ne montrait plus la même unité, ni la même continuité. Mais aux yeux des contemporains, la Méditerranée n’a représenté une unité que depuis la fin du xviiie siècle. On peut donc critiquer à bon droit le fait d’exclure précisément cette période de l’histoire méditerranéenne ; bien au contraire, il importe de retrouver la généalogie des topoi braudéliens de l’unité méditerranéenne, si présents dans l’image de l’Algérie française, en considérant la Méditerranée moderne comme un espace colonial. Sur ce point, voir Manuel Borutta et Sakis Gekas dir., A Colonial Sea…, op. cit., p. 1-13. 28 Michel Chevalier, Système de la Méditerranée », Le Globe, 20 janvier, 31 janvier, 5 février, 12 février 1832. 29 David Prochaska, Making Algeria French. Colonialism in Bône, 1870-1920, Cambridge, Cambridge University Press, 1990 ; Jonathan Gosnell, The Politics of Frenchness in Colonial Algeria, 1930-1954, Rochester, University of Rochester Press, 2002 ; Benjamin Stora, Histoire de l’Algérie coloniale, Paris, La Découverte, 2004. 30 Yann Scioldo-Zürcher, Devenir métropolitain. Politique d’intégration et parcours de rapatriés d’Algérie en métropole 1954-2005, Paris, Éditions de l’EHESS, 2010, p. 55 sq. 31 Voir Hélène Blais et Florence Deprest, The Mediterranean, a territory between France and Colonial Algeria. Imperial constructions », dans Manuel Borutta et Sakis Gekas dir., A Colonial Sea…, op. cit., p. 33-57. 32 Le héros un Don Quichotte provençal, fabule tant autour de la chasse au gros gibier en Afrique dans sa ville natale de Tarascon, qu’il doit finalement mettre ses dires en pratique et partir pour l’Algérie. Bien qu’il s’y couvre encore plus de ridicule, on le fête à son retour comme un héros. Alphonse Daudet, Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, Paris, Flammarion, 1969. 33 Ibid., p. 60-61. 34 Ibid., p. 93-95, 97-98, 118. 35 Ibid., p. 102, 121. 36 Ibid., p. 97. 37 Ibid., p. 121. 38 Ibid., p. 90. 39 Ibid., p. 144. 40 Ibid., p. 161-162. 41 Ibid., p. 35, 62, 107. 42 Ibid., p. 65, 80. 43 Ibid., p. 83, 85. 44 Ibid., p. 81, 102. 45 Ibid., p. 91. 46 Ibid., p. 141-143. 47 Daudet, né à Nîmes, prit ses distances avec ses racines méridionales dans Tartarin de Tarascon. Le succès de ce roman lui ouvrit les portes de la société parisienne voir Geneviève van den Bogaert, Préface », dans Alphonse Daudet, Aventures…, op. cit., p. 11-26 ; Anne Simon-Dufief, Daudet et l’Algérie », dans Jeannine Verdès-Leroux dir., L’Algérie et la France, Paris, Laffont, 2009, p. 260-262. 48 Alphonse Daudet, Aventures…, op. cit., p. 157. Sur la lecture du roman par la colonie européenne en Algérie, voir Françoise Henry-Lorcerie, Tartarin de Tarascon d’Alphonse Daudet », Revue algérienne des sciences juridiques, économiques et politiques, no 11-1, 1974, p. 174-183. 49 L’intérêt des textes littéraires comme sources historiques a été analysé dans l’ouvrage fondamental de David Prochaska, History as Literature, Literature as History Cagayous of Algiers », American Historical Review, no 101-3, 1996, p. 671-711. 50 Jacques Revel, Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Paris, Gallimard, 1996. 51 Dans ce contexte, il est important d’évoquer les constructions opposées d’une Méditerranée latine par Fréderic Mistral, Charles Maurras, Louis Bertrand et les fascistes italiens d’un côté, et d’un universalisme méditerranéen développé par les auteurs des Cahiers du Sud Gabriel Audisio, Jean Ballard, Albert Camus… d’un autre côté. Sur ces débats voir Thierry Fabre, La France et la Méditerranée… », art. cit., p. 53-90. 52 La Côte d’Azur mondaine, objet de campagnes de publicité touristique dès le xixe siècle, et Nice, ville cosmopolite rattachée au royaume de Savoie jusqu’en 1860, occupent une place à part dans cette conception du Midi Marc Boyer, L’hiver dans le Midi xviie-xxie siècle. L’invention de la Côte d’Azur, Paris, L’Harmattan, 2009 ; Ralph Schor, Stéphane Mourlane et Yvan Gastaut, Nice cosmopolite, 1860-2010, Paris, Autrement, 2010. La Corse aussi, du fait de son insularité et de ses échanges intensifs avec l’Algérie française, mériterait une étude particulière. 53 Archives municipales de Marseille, 13 F 1, Colonisation de l’Algérie 1830-1839, Chambre des Députés. Session de 1828, opinion de M. de Roux, séance du 13 mai 1828, p. 2-11. Voir Pierre Guiral, Marseille et l’Algérie, 1830-1841, Gap, Ophrys, 1957. 54 Paul Masson, Marseille et la colonisation française. Essai d’histoire coloniale, Marseille, Barlatier, 1906 ; Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille-Provence, Histoire du commerce et de l’industrie de Marseille, xixe-xxe siècle, 15 vol., Marseille, Chambre de commerce et de l’industrie, 1986-2002 ; Hubert Bonin, Marseille et l’Algérie », dans Jeannine Verdès-Leroux dir., L’Algérie et la France, op. cit., p. 563-566. 55 Marcel Courdurié et Jean-Louis Miège dir., Marseille colonial face à la crise de 1929, Marseille, Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence, 1991, p. 17. 56 Pascal Blanchard et Gilles Boëtsch dir., Marseille, Porte Sud. Un siècle d’histoire coloniale et d’immigration, Paris, La Découverte, 2005 ; Georges Aillaud et al. dir., Désirs d’ailleurs. Les expositions coloniales de Marseille 1906 et 1922, Marseille, Alors hors du temps, 2006. 57 Archives de la Chambre de Commerce de Marseille, ML 4-2-7-4, Migrations internationales, projet d’un village kabyle à Marseille 1916-1917. 58 Pascal Blanchard et Gilles Boëtsch dir., Marseille…, op. cit., p. 15-16. Sur l’histoire migratoire moderne de Marseille, voir l’ouvrage fondamental d’Émile Témime dir., Migrance. Histoire des Migrations à Marseille, 5 vol., Cahors, Jeanne Laffitte, 2007. 59 Pascal Blanchard et Gilles Boëtsch dir., Marseille…, op. cit., p. 16. Sur la question des représentations, voir aussi Marcel Roncayolo, L’imaginaire de Marseille. Port, ville, pôle, Marseille, Chambre de Commerce et d’Industrie de Marseille, 1990 ; Olivier Boura, Marseille…, op. cit. ; Daniel Winkler, Transit Marseille. Filmgeschichte einer Metropole, Bielefeld, transcription, 2007. 60 Voir à ce propos Julia Clancy-Smith, Mediterraneans. North Africa and Europe in an Age of Migration, c. 1800-1900, Berkeley, University of California Press, 2011, p. 88-90. 61 Émile Temime, La migration européenne en Algérie au xixe siècle. Migration organisée ou migration tolérée », Revue de l’Occident Musulman et de la Méditerranée, no 43-1, 1987, p. 31-45, Claude Liauzu, Histoire des Migrations en Méditerranée occidentale, Bruxelles, Éditions Complexe, 1996, p. 61-79. 62 Julia Clancy-Smith, Exotism, Erasures, and Absence. The Peopling of Algiers, 1830-1900 », dans Zeynep Çelik et al. dir., Walls of Algiers. Narratives of the City through Text and Image, Seattle, University of Washington Press, 2009, p. 19-61. 63 Léon Poinsard, L’echec de la colonisation en Algérie », Science Sociale, no 6, 1891, p. 453-482. 64 Auparavant, l’attribution de la citoyenneté française aux étrangers était déjà facilitée par le sénatus-consulte de 1865. Sur l’histoire des naturalisations des Européens et des Européennes en Algérie française voir Patrick Weil, Qu’est-ce qu’un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution, Paris, Grasset, 2002, chapitre 8 ; Jennifer E. Sessions, “L’Algérie devenue française”. The naturalization of non-French colonists in French Algeria, 1830-1849 », Proceedings of the Western Society for French History. Selected papers of the annual meeting, no 30, 2004, p. 165-177. 65 Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, Direction du Travail, Statistique Générale de la France. Résultats statistiques du dénombrement de 1896, Paris, Imprimerie nationale, 1899, p. 113. 66 Ibid., p. 116-117. 67 Hildebert Isnard, La vigne en Algérie, Gap, Ophrys, 1951, vol. 1, p. 480-500 ; Geneviève Gavignaud- Fontaine et al., Le Languedoc Viticole, la Méditerranée et l’Europe au siècle dernier xxe siècle, Montpellier, Presses de l’Université Paul Valery - Montpellier III, 2000, p. 89-91. 68 Archives départementales de l’Hérault, 6 M 847-870, Population-Émigration. 69 Omar Bessaoud, Viticulture », dans Jeannine Verdès-Leroux dir., L’Algérie et la France, op. cit., p. 850-854. 70 Jean-Jacques Vidal, Vers la maturité 1839-1878 », dans Jean Sagnes dir., Histoire de Sète. Pays et villes en France, Toulouse, Privat, 1987, p. 179-213 ; Jean Sagnes, Mutations économiques, stabilité de la population de 1878 à nos jours », ibid., p. 215-241. 71 Jean Sagnes dir., La Révolte du Midi viticole cent ans après 1907-2007, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, 2007. 72 Eugen Weber, La fin des territoires… », art. cit., p. 577. 73 Eugène Gross, Le Midi viticole contre l’Algérie, Oran, Heintz, 1932. 74 Sur la croisade du Midi contre l’Algérie » voir Charles-Robert Ageron, Histoire de l’Algérie contemporaine, t. 2 1871-1954, Paris, PUF, 1979, p. 488-491. 75 Benjamin Stora, Pieds noirs », dans Sophie Dulucq et al. dir., Les Mots de la Colonisation, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2008, p. 91. 76 Eugen Weber, La fin des territoires… », art. cit. 77 Archives Nationales de France, Centre des Archives d’Outre-Mer, Algérie, Gouvernement général d’Algérie, 32 L 12, Émigration en Algérie, Sociétés et groupements régionaux en Algérie 1903-1906. 78 Le Languedoc en Algérie. Bulletin de la Fédération Régionale des Amicales de Langue d’Oc, Alger, juin 1941. 79 David Prochaska, Making Algeria French…, op. cit, p. 207. 80 Ibid., p. 224-226, 228-229. 81 Voir Anne-Marie Thiesse, Écrire la France. Le mouvement littéraire régionaliste de langue française entre la Belle Époque et la Libération, Paris, PUF, 1991 ; Jean-François Chanet, L’école républicaine et les petites patries, Paris, Aubier, 1996, 82 Félix Dessolièrs, De la fusion des races européennes en Algérie par les mariages croisés, Alger, Imprimerie orientale, 1899 ; Victor Demontès, Le peuple algérien. Essais de la démographie algérienne, Alger, Imprimerie algérienne, 1906 ; Claudine Robert-Guiard, Des Européennes en situation coloniale. Algérie, 1830-1939, Aix-en-Provence, Publications de l’université de Provence, 2009, p. 313. 83 Eugen Weber, L’hexagone », dans Pierre Nora dir., Les lieux de mémoire, op. cit., vol. 2, p. 223-241. 84 Todd Shepard, The Invention of Decolonization. The Algerian War and the Remaking of France, Ithaca, New York, Cornell University Press, 2008, p. 109, 196-198. 85 Cette méditerranéisation » de la culpabilité se retrouve chez Pierre Nora dans Les Français d’Algérie, Paris, Julliard, 1961, et la critique de Todd Shepard, The Invention of Decolonization…, op. cit., p. 196-198. 86 Jean-Jacques Jordi, 1962. L’arrivée des Pieds noirs, Paris, Autrement, 1995. Sur l’agriculture, voir Françoise Brun, Les Français d’Algérie dans l’agriculture du Midi méditerranéen. Étude géographique, Gap, Ophrys, 1976. 87 Naissance d’un village Carnoux », Cinq colonnes à l’une, 7 octobre 1966, 1055-1122 ORTF ; Jean-Jacques Jordi, 1962…, op. cit., p. 102-113. 88 Françoise Brun, Où en est l’agrumiculture en Corse ? », Méditerranée, no 8-3, 1967, p. 211-238. 89 Robert Ramsay, The Corsican Time-Bomb, Manchester, Manchester University Press, 1983 ; Dominici Thierry, Le nationalisme dans la Corse contemporaine », Pôle Sud, no 20, 2004, p. 97-112 ; Jean-Pierre Santini, Front de libération nationale de la Corse. De l’ombre à la lumière, Paris, L’Harmattan, 2010. 90 La position à nouveau marginale du Midi par rapport au reste de la France des années 1950-1960 serait à nuancer, car on ne doit pas oublier la politique d’aménagement du territoire mise en place en France dans les années 1950, la création des métropoles régionales d’équilibre où les villes du sud sont surreprésentées, etc. Les revendications des régionalistes doivent être mises en balance avec le développement concomitant des villes méridionales devenues aujourd’hui, dans l’imaginaire collectif et les réalités statistiques, les plus attractives en termes démographiques Toulouse, Bordeaux et Montpellier ont connu de forts taux de croissance de population ces dernières années. 91 Robert Lafont, La révolution régionaliste, Paris, Gallimard, 1967 ; id., Décoloniser la France. Les régions à face à l’Europe, Paris, Gallimard, 1971. Sur l’importance de la théorie du colonialisme intérieur pour les mouvements régionalistes français, voir Dirk Gerdes, Regionalismus als soziale Bewegung. Westeuropa, Frankreich, Korsika Vom Vergleich zur Kontextanalyse, Francfort-sur-le-Main, Campus, 1985, p. 119-130. 92 Eugen Weber, La fin des territoires… », art. cit., p. 575-587. Sur la réception controversée de son ouvrage en France et à l’étranger, lire Miguel Cabo et Fernando Molina, The Long and Winding Road of Nationalization Eugen Weber’s Peasants into Frenchmen in Modern European History 1976-2006 », European History Quarterly, no 39-2, 2009, p. 264-286. 93 Je renvoie aux indications bibliographiques sur l’Italie et l’Espagne de la note de page Pour citer cet article Référence papier Manuel Borutta, De la Méridionalité à la Méditerranée Le Midi de la France au temps de l’Algérie coloniale », Cahiers de la Méditerranée, 100 2020, 97-113. Référence électronique Manuel Borutta, De la Méridionalité à la Méditerranée Le Midi de la France au temps de l’Algérie coloniale », Cahiers de la Méditerranée [En ligne], 100 2020, mis en ligne le 15 décembre 2020, consulté le 28 août 2022. URL ; DOI Haut de page La solution à ce puzzle est constituéè de 5 lettres et commence par la lettre M Les solutions ✅ pour PLANTATION MEDITERRANEE de mots fléchés et mots croisés. Découvrez les bonnes réponses, synonymes et autres types d'aide pour résoudre chaque puzzle Voici Les Solutions de Mots Croisés pour "PLANTATION MEDITERRANEE " 0 0 0 0 0 0 0 0 Partagez cette question et demandez de l'aide à vos amis! Recommander une réponse ? Connaissez-vous la réponse? profiter de l'occasion pour donner votre contribution! Similaires Pour sa quatrième édition, le One Planet Summit a réuni, le 11 janvier 2021 de 14h00 à 17h00 CET, des décideurs du monde entier pour accélérer l’action internationale en faveur de la nature. Ont notamment participé à ce sommet 11 chefs d’Etat et de gouvernement Allemagne, Canada, Costa Rica, France, Italie, Mauritanie, Monaco, Norvège, Pays-Bas, République démocratique du Congo et Royaume-Uni, ainsi que le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, le Prince de Galles, la présidente de la Commission européenne et le président du Conseil européen. Les principaux résultats enregistrés à l’issue de ce sommet sont les suivants 1. Protéger les écosystèmes terrestres et marins La France et le Costa Rica ont lancé la Coalition de la haute ambition pour la nature et les hommes, qui entend créer les conditions permettant l’adoption d’une cible ambitieuse de protection de la nature par la Convention sur la diversité biologique en fin d’année. Cette mobilisation a permis d’aboutir, aujourd’hui, au ralliement à cette coalition de 52 Etats qui s’engagent à œuvrer à la protection de 30 % des espaces terrestres et marins d'ici 2030. Le Président de la République a annoncé, en ce qui concerne la France, qu’il s’engageait à appliquer ce niveau de protection pour nos territoires marins et terrestres dès 2022. Il a par ailleurs annoncé la publication de la Stratégie pour les aires protégées, permettant de documenter la trajectoire prévue pour atteindre cet objectif. Les moyens humains des opérateurs publics concernés seront renforcés dans les trois prochaines années, notamment par la mobilisation du service civique. Une nouvelle coalition pour la mer Méditerranée, mer Méditerranée exemplaire en 2030 », a été lancée aujourd’hui par l’Espagne, la France et la principauté de Monaco. Elle est construite autour de 4 engagements 1 développer un réseau d’aires protégées ; 2 mettre fin à la surpêche ; 3 lutter contre la pollution marine et mettre fin au plastique à usage unique ; 4 verdir le transport maritime. Cette coalition poursuivra ses efforts pour mobiliser d’autres Etats du pourtour de la Méditerranée, mais également les acteurs régionaux, locaux, la société civile et le secteur privé. Le Sommet des deux rives ainsi que le Congrès de l’UICN à Marseille seront l’occasion de renforcer cette dynamique. 2. Promouvoir l’agro-écologie Reconnaissant que l’agro-écologie permet de préserver la biodiversité tout en répondant aux objectifs de développement durable et de création d’emplois, ce One Planet Summit a pris le parti d’en faire un élément important d’engagement international. Cet enjeu se pose avec une acuité particulière en Afrique, où effets du changement climatique, dégradation des terres et perte de biodiversité se combinent et menacent la sécurité alimentaire de nombreux pays. Dans ce cadre, a été mis en place un programme, dénommé Accélérateur de la Grande muraille verte GGW Accelerator ». Cette initiative multi-acteurs a pour objectif de catalyser les efforts financiers de l’ensemble des bailleurs. Elle souhaite donner un nouvel élan à cette ambitieuse initiative africaine, lancée dans les années 1980, pour verdir le Sahel. Les différents partenaires de l’initiative se sont engagés à mobiliser près de 14 milliards d’euros milliards USD de financements internationaux dans les 11 pays concernés d’ici 2025. 14,3 milliards de dollars sont déjà programmés. La Présidente de la Commission européenne a annoncé qu’elle pourrait mobiliser plus de 2,5 milliards d’euros pour y contribuer, dans sa programmation en préparation. Plus d’une centaine d’entreprises, regroupées autour de la charte IAM AFRICA International Agroecological Movement for Africa se sont en outre engagées à contribuer à la mise en œuvre des objectifs de transition agro-écologique dans les pays de la GMV. Un secrétariat chargé du suivi de ces engagements a été mis en place auprès de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Le Président de la République s’est engagé à suivre cette initiative dans le cadre du prochain sommet Afrique France, prévu à Montpellier en juillet prochain. Pour la France, un soutien à la plantation de 7 000 km de haies agricoles d’ici 2022 a été annoncé par le Président de la République, confirmant l’impulsion nouvelle donnée à la transition agro-écologique de l’agriculture française dans le cadre du plan de relance. 3. Mobiliser des financements pour la biodiversité Sous l’impulsion du Prince de Galles a été annoncée l’Alliance pour l’investissement dans le capital naturel, à laquelle participent déjà HSBC Pollination Climate Asset Management, Lombard Odier et Mirova. Elle regroupe les acteurs de la finance souhaitant accroître leurs investissements dans la restauration de la biodiversité. Elle a pour objectif de mobiliser 10 milliards de dollars pour la nature d’ici 2022. L’OPS a permis de poser les bases d’une coalition pour la convergence des financements en faveur du climat et de la biodiversité qui vise à construire davantage de synergies entre action climatique et préservation de la biosphère. Ses membres travailleront à accroitre la part de leurs financements en faveur du climat bénéficiant également à la biodiversité. Ce principe a été soutenu lors de l’OPS par le Canada, la France, la Norvège et le Royaume-Uni. A titre national, la France a indiqué qu’au moins 30% de ses financements en faveur du climat intègrerait, à l’horizon 2030, des co-bénéfices pour la biodiversité. Cette cible sera atteinte dès 2025 pour les financements portés par l’Agence Française de Développement AFD. L’OPS a été l’occasion d’apporter une impulsion politique, notamment par le Canada, la France et le Royaume-Uni, à la Taskforce on Nature-related Financial Disclosure TNFD. Cette initiative, portée par des acteurs publics et privés, dont une cinquantaine d’institutions financières de premier rang, élaborera un cadre de mesure des risques, impacts et bénéfices des activités économiques en matière de biodiversité – à l’image de la TCFD sur le climat. Enfin, le Canada a annoncé qu’il contribuera jusqu’à 55 millions de dollars canadiens 35,3 M€ au Land Degradation Neutrality fund LDN, pour soutenir la gestion et la restauration durables des terres, notamment en Afrique. La France a annoncé qu’elle rejoindrait également l’initiative. Avec cette annonce, qui permettra de catalyser des investissements supplémentaires du secteur privé, le fonds LDN a le potentiel d’atteindre les objectifs fixés lors de son lancement, au One Planet Summit de décembre 2017. 4. Protéger les forêts, les espèces et la santé humaine La France a lancé l’initiative PREZODE PREventing ZOonotic Diseases Emergence qui mettra en place une coopération inédite à l’échelle internationale entre acteurs de la recherche et réseaux de vigilance sanitaire, avec notamment le soutien de la FAO, pour la prévention de nouvelles pandémies issues de réservoirs animaux. Elle est engagée en concertation avec de nombreux acteurs de la recherche européens et mobilise déjà plus de 400 chercheurs et experts de la santé humaine, animale et environnementale, au niveau international. Le One Planet Summit a été l’occasion d’un point d’étape sur l’Alliance pour la préservation des forêts tropicales, annoncée au G7 de 2019. L’Allemagne et la République démocratique du Congo ont annoncé leur adhésion à l’alliance. Le débat sur la déforestation importée a permis de noter, qu’outre des stratégies nationales développées notamment par la France et les Pays-Bas, le Parlement et la Commission européenne s’engageaient sur un calendrier permettant de prendre des décisions fortes de lutte contre la déforestation importée dans le courant de l’année 2021. Pour sa part, le Président de la République a indiqué qu’en complément de ces décisions, la France mettrait en œuvre sa stratégie nationale en faveur des protéines végétales, publiée il y a quelques semaines. Par ailleurs, et afin de compléter ce dispositif, il a appelé à la mise en place d’une coopération entre l’Europe et l’Afrique permettant d’y démultiplier la production de protéines végétales selon des méthodes agro-écologiques. Ceci dans le but de renforcer la sécurité alimentaire en Afrique tout en contribuant à l’approvisionnement de l’Union européenne en protéines végétales. Le Président de la République a réitéré sa détermination à suivre l’ensemble de ces engagements et a ainsi fixé comme prochain point d’étape le congrès mondial pour la Nature de l’UICN, qui se tiendra à Marseille du 3 au 11 septembre 2021.

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